Historique Partie 4

Les problèmes de logement

Lorsque Monseigneur Dumont en 1876 installe le Collège au n°l de la rue du Spectacle – c’est toujours l’adresse officielle – c’est pour lui une implantation provisoire. Il a en vue, paraît-il, l’achat d’un terrain au faubourg de Tournai. Pour des raisons non éclaircies, le projet avorte. L’abbé Ghigny se trouve coincé dans l’ancien hôtel Le Tellier. C’est un hôtel de maître en forme de U adossé à la rue du Spectacle. La façade, bien connue des cartophiles athois, est le résultat d’un réaménagement d’une partie des dépendances de l’ancienne abbaye Notre-Dame du Refuge, vendue à la Révolution et dépecée par l’acquéreur et ses héritiers. Le bâtiment ne manque pas de charme mais n’est pas adapté aux nécessités de l’enseignement et encore moins à celles d’un internat qu’on ouvre pourtant dès 1877.

Un élève des tous débuts a griffonné de mémoire, quelques décennies plus tard, un plan du Collège tel qu’il l’avait connu. Pas d’échelle, proportions discutables, mais quelques indications sont fournies sur l’affectation des différents locaux. Les professeurs habitaient en front de rue. S’il y a deux mentions de chapelle, c’est parce qu’elle a voyagé ; elle n’eut pas moins de six emplacements. On n’y voit que trois classes dont l’une porte toujours le nom d’estaule à cause des souvenirs qu’on y trouvait d’un usage antérieur. La cour est pavée, un massif floral gêne les jeux. Le jardin devient vite très boueux. On va marauder les pommes du vicaire d’à côté ou tenir des réunions secrètes dans trois masures en ruine dans la ruelle des Arbalestriers. Notre témoin, externe, n’a malheureusement pas mentionné dortoir, réfectoire et cuisine.

Des aménagements sont rapidement indispensables, le nombre d’élèves passant de 19 en 1876 à 112 en 1881. La première série de grands travaux concernera l’aile Sud-Est (soit le côté de l’étude). Dès 80 on entreprend la construction de l’étude, avec classes à l’étage et dortoir au second. Le bâtiment achevé avant 1882 ne constitue qu’une moitié de l’étude actuelle. Il sera complété en 1887 d’une seconde partie avec une scène, que beaucoup ont encore connue. C’est aussi en 1887 qu’est achevée et bénite la chapelle, ainsi définitivement fixée.

En 1897, sous le principalat de l’abbé A. Walravens, le Collège franchit la ruelle des Arbalestriers et s’agrandit d’une aile perpendiculaire à la précédente, soit le réfectoire au-dessus duquel seront aménagées des chambres pour professeurs et rhétoriciens.

Pendant plus d’une trentaine d’années, il n’y aura pratiquement pas de modifications importantes. La nécessité ne s’en fait pas sentir, parce que le Collège est devenu locataire dès 1911 de l’ancienne Ecole des Frères c’est-à-dire des bâtiments, cours et jardins allant de la rue de Gand à la rue de la Station. Il en deviendra propriétaire en 1924.

La période des grands chantiers, dans l’histoire de Saint- Julien, mise à part celle de l’année 2000, se situe au début du principalat du chanoine Haustrate de 1931 à 1935. En effet, si l’on considère que la cour était à l’époque un rectangle presque régulier, ses quatre côtés ont été soit transformés, soit complètement reconstruits. L’abbé Delitte, économe (1921-1940) a suivi dans un petit cahier, dont l’un ou l’autre feuillet a malheureusement été arraché, l’évolution des tra-­ vaux, des débuts à la fin, y compris les surprises et incidents de parcours.

Image d'archives de la cour du Collège Saint-Julien Ath
Image d'archive du Collège Saint-Julien Ath

1. Aile Sud-Est (côté étude). Aménagement d’un deuxième niveau de dortoirs. Les travaux débutent le 20 juillet 1931 le jour même de la distribution des prix (les congés payés datent de 1936) par le démontage des alcôves et de la toiture. Imprévu : les murs existants s’avèrent n’être pas en état de supporter la nouvelle charpente métallique, d’où nécessité de les renforcer à l’Est et au Sud par des poutrelles en béton armé. Lourd contretemps. Et en plus la livraison de la charpente se fait avec quinze jours de retard. Le bâtiment, le plus grand du Collège à l’époque, restera découvert six semaines dont cinq jours sans pluie. Celle-ci s’est infiltrée jusqu’à la salle d’étude. Mais les dortoirs eux aussi auront dorénavant l’eau courante.

2. Aile Sud-Ouest (côté gare). La façade n’en était pas une. C’était le prolongement des classes 28 à 31 actuelles. Sur les photos anciennes, le rythme des fenêtres ceintrées paraît harmonieux. Mais ce prolongement ne comportait qu’un rez-de- chaussée. La démolition s’effectua au printemps 1932. La première pierre de la façade moderne fut posée le 11 juillet. Elle se trouve entre la porte principale et l’actuelle bibliothèque. Un message, pour les archéologues du futur, fut déposé sous cette première pierre, dans un bocal cacheté, contenant entre autres une liste complète du corps professoral, du personnel, des élèves, des sponsors. Le bâtiment fut sous toit en octobre. La bénédiction officielle eut lieu le 26 avril 1933.

3. Aile Nord-Est (Rue du Spectacle) et Nord-Ouest (Bassin de natation). Les travaux consistèrent d’abord en la démolition des bâtiments adjacents à l’école communale (bassin). Ce qui eut pour résultat de donner à la cour auparavant rectangulaire la forme d’un L. Dans l’espace libéré fut érigé un portique Hébert que certains anciens ont dû utiliser mais que beaucoup n’ont connu que comme vestige historique et rouillé d’une certaine conception de la gymnastique. C’est dans cette même tranche de travaux (1934-1935) que s’effectue une rénovation interne de l’aile rue du Spectacle et l’aménagement des cuisines sous la chapelle.

Après la seconde guerre, le Collège doit d’abord panser ses plaies et il connaît quelques années difficiles. Acquisitions et transformations reprendront dans les années cinquante. En 1953, le chanoine Paternostre procède à l’achat de la maison Laurent « A la grande fabrique » soit l’équivalent de huit classes actuelles et d’un jardin transformé en cour. En 1957 le Collège acquiert le poumon qui lui manquait : le Séquoia. Mais le Principal rêve d’une salle de gymnastique. Dans un premier temps, il est envisagé de la construire rue Beugnies où une maison est acquise en 1964. Mais la surface exploitable, 1 a 90 ca, paraît insuffisante. On se résout finalement à construire là où on avait démoli en 1934 pour agrandir la cour, mais en prolongeant le bâtiment jusqu’à front de rue du Spectacle c’est-à-dire en faisant disparaître deux petites maisons (dites maisons Assoignons) que le Collège avait achetées dès 1927. Les travaux furent assez rapidement menés (1969-70); l’inauguration eut lieu le 23 mai 1970. Les ennuis techniques postérieurs durèrent beaucoup plus longtemps et le bâtiment ne peut pas être considéré comme un jalon incontournable de l’architecture du XXème siècle.

L’augmentation du nombre d’élèves (597 en 1970 -744 en 1982) et le passage au rénové vont faire disparaître les derniers vestiges du Collège primitif, c’est-à-dire l’aile des cartes postales, rue du Spectacle. Les cours en demi-classes nécessitent la multiplication des locaux. On en manque. La fermeture de l’internat (1979) a permis que l’on envisage un moment d’utiliser les vastes espaces libérés au 2ème au 3ème étages au-dessus de la grande étude. La stabilité et la solidité des murs avaient déjà été jugées insuffisantes en 1932. Y remédier aurait été techniquement et financièrement trop lourd. Exit donc la façade ex-blanche et écaillée, y compris le porche en pierre que l’on avait cru un instant pouvoir sauver en le déplaçant. Le nouveau bâtiment inauguré le 5 octobre 1985, comporte une nouvelle salle d’étude et onze classes, dont certaines adaptées à des auditoires restreints, ont déjà pu être agrandies lorsque les murs de refend ne sont pas porteurs. Nécessité budgétaire oblige, baptisée pédagogique. La « pédagogie différenciée », très à la mode, ne sera efficace qu’en grands groupes…

Jusqu’ici, on a beaucoup parlé du Collège situé dans le périmètre de la rue du Spectacle et de la gare, sans mentionner le Lycée de la rue de Pintamont, loué aux Sœurs de Saint-François. A l’origine, occupé par la section féminine, il a progressivement accueilli uniquement les filles du premier degré et ces dernières années, les garçons et les filles de ce même degré.

Depuis longtemps, les responsables souhaitaient regrouper tous les élèves sur le site initial de la rue du Spectacle. L’opportunité a été offerte d’acheter parcelle par parcelle les terrains contigus entre la rue Beugnies et la rue de Dendre. En 1992, les premières démarches sont entreprises pour se concrétiser définitivement en 2001 avec l’acquisition, auprès du l’ORHM, de deux bâtiments des anciens Silos de la Dendre. Cette extension de plus de vingt-cinq ares permet au Collège de respirer et même de retrouver un petit coin de verdure. C’est sur ce terrain où se trouvaient les bureaux de l’enregistrement qu’est construit le nouveau bâtiment. Dix-sept classes et une salle polyvalente accueillent les élèves du premier degré depuis le 22 mars 2001. Une étape importante dans l’histoire du Collège. Sans doute pas la dernière.

J. BROGNIET A. LESAGE

Bâtiment actuel du Collège Saint-Julien Ath